Une récente passe d’armes entre deux chercheurs dans le journal Le Monde m’a amusé :
- d’un côté "Sans relativité, pas de GPS" (Le Monde du 4-5 novembre), une longue tribune d’un chercheur, qui contient une erreur et une conclusion rapide (la suppression de l’ANR !).
- de l’autre côté "Attention, trous noirs" (Le Monde du 8 novembre), une mise au point fort judicieuse d’un autre chercheur, témoignant d’une « synergie vitale entre notre recherche académique et notre industrie ».
La première tribune, à travers un bout de phrase, montre une réflexion approximative et doctrinaire : « Les astronomes veulent comprendre l'Univers et les étoiles et, ce faisant, élargissent lentement le terrain de jeu des ingénieurs. Pas l'inverse. ». Ce à quoi l'autre tribune répond à juste titre « Il serait très facile de dresser une longue liste d’inventions où des ingénieurs ont élargi le terrain des astronomes, et pas l’inverse ».
[Einstein se guidant sur son vélo avec son GPS]
Comme je le disais dans mon article des Annales de Mines en mai dernier : « Car c’est une des caractéristiques du XX°e siècle –que d’avoir ainsi aboli les barrières entre les sciences fondamentales et leur utilisation dans les technologies. Opposer, au XXI° siècle, de manière tranchée et parfois doctrinaire, science fondamentale et technologie, en physique (mais aussi en mathématiques) reviendrait à faire un contresens sur la spécificité de la révolution scientifique du XX° siècle, et risquerait de contribuer à induire le grand public en erreur sur la nature même de la science, à l’heure actuelle. »
P. Veltz, dans son livre, rappelait aussi l’importance toujours plus grande de la science fondamentale dans les entreprises d’aujourd’hui (voir billet sur ce blog).
Ce que n’a sans doute pas perçu le premier chercheur, à qui l’on peut conseiller de sortir l’œil de son télescope, et plus généralement de sortir de son laboratoire, pour comprendre ce qu’est le monde industriel et technologique aujourd’hui ! Merci au second chercheur (V. Berger) d’avoir dans ce débat remis les pendules (relativistes bien sûr !) à l’heure.