J'ai récemment appris que Nokia arrêtait son activité "terminaux mobiles" en la revendant à Microsoft (article Slate, site toujours très bien documenté). Nokia, ç'a été de la pâte à papier, ça s'est renconverti dans le GSM grâce à un dirigeant clairvoyant et dynamique, Jarma Ollila : faisons confirance à cette entreprise pour trouver une réorientation !
Mais l'objet de mon billet sur ce blog de sciences (/techno) est de rendre hommage à l'esprit innovant de cette entreprise, avec un souvenir personnel et professionnel : le NOKIA 7110, sorti en France en octobre 1999.
Image WikiCommons GFDL (auteurs Falense/ Opspins)
C'était le premier téléphone à avoir un browser WAP (internet mobile) - càd à donner accès à l'Internet mobile (et cela n'était pas grand'chose à l'époque : il fallait créer aussi des sites WAP). Début 1999, quittant alors Alcatel entreprise au management déficient (p. ex. Tchuruk, Cornu, Bravo — le premier étant largement responsable de l'ambiance délétère)[1] [bref l'inverse de Nokia des années 1990], j'avais fondé une petite SSSI de solutions GSM (localisation par triangulation, internet mobile WAP). Mes collaborateurs (une dizaine) et moi-même attendions comme le Messie d'avoir le NOKIA 7110 entre les mains. Et nous avons été sans doute parmi les premiers en France à réaliser pendant l'automne 1999 des applications WAP. L'une était pour le département recherche de Veolia Transport (horaires de bus sur mobile). L'autre était pour un courtier en céréales de la Brie, l'entreprise Plantureux, qui souhaitait équiper ses clients (gros) agriculteurs de Nokia 7110 pour leurs commandes en temps réel en fonction des cours de bourse des céréales !
Image portail mobile cellular.co.za
Séquence nostalgie : je me rappelle notre émotion à tous quand notre première application a fonctionné (le 1er décembre 1999 je crois) - c'était magique, quelques lignes noires sur un fond vert, genre Minitel ; on pouvait aussi programmer des images, jouer au Tétris, etc. Je n'ai pas gardé de saisie d'écran de mon activité 1999-2000 (dommage, j'aurais aimé vous montrer mes propres applications), mais ça ressemblait beaucoup à l'image ci-dessus).
La gamme des Nokia 7110, précurseurs, n'aura pas duré longtemps, elle s'est éteinte trois ans plus tard (d'ailleurs mon entreprise aussi). Mais si je retrouve mon Nokia 7110, je suis sûr qu'il fonctionnerait encore ! Il ne faut pas être trop en avance dans l'innovation, ce qu'était Nokia.
[Je m'aperçois que depuis trois ans et demi, j'ai un Nokia E71, après quelques infidélités : ce n'est pas le smartphone dernier cri, mais solide, satisfaisant, jamais en panne.]
Merci Nokia de m'avoir fait rêver non avec des bonhommes verts mais avec ces écrans verts !!!
[1] J’avais, lors d’un hommage à Georges Besse à l’École des mines de Paris en novembre 2011, émis l’idée que la communauté polytechnicienne ne devrait pas faire l’économie de l'étude des erreurs de management ayant conduit certaines entreprises au gouffre financier ou stratégique. Péchiney (avec J.P. Rodier, lointain successeur de Besse) en est un autre exemple. Qu’il concerne des énarques, des polytechniciens, ou d’autres types de dirigeants, cet aggiornamento est à faire – cette histoire est à écrire, sans complaisance.